31Déc2010
Comment l’accent québécois est-il différent de celui de la France ? Voici toutes les réponses à vos questions.
A la lecture de vos nombreuses demandes pour en savoir plus sur la langue québécoise et l’accent québécois, voici donc un examen à la loupe des principales particularités !
Le tutoiement
Il est sans nul doute que le tutoiement interpelle toujours le Français de France lorsqu’il vient nous visiter. Ici, en effet, on emploie très facilement le pronom de la 2e personne du singulier tu de façon fréquente.
Son usage est décrit comme le calque de l’usage anglophone de you. Les gens l’utilisent dans le cas d’une invitation à un rapprochement ou dans le souhait d’établir une communication amicale. De nos jours, un mouvement essaie de réintroduire le vous respectueux dans le milieu de l’éducation et dans le milieu des affaires. On demande dans les écoles d’appeler Mr ou Mme les enseignants. La tendance est donc d’instaurer une distance, un certain respect…
Les anglicismes
Ils sont de différentes natures.
Nous avons :
les anglicismes intégraux qui reprennent à la lettre le sens d’un mot anglais tel…
ex: Un chum = un petit ami
Les anglicismes hybrides qui ajoutent un élément français tant dans leur prononciation que dans leur formation .
ex : checker = vérifier, regarder
La tendance actuelle est à la traduction littérale d’un mot ou d’une expression anglaise pour créer son équivalent en français. Nous enrichissons alors notre langue.
Nous magasinons au lieu de nous faisons du shopping, nous avons des fins de semaine et non des week ends. Enfin, sur nos panneaux routiers, le mot arrêt est inscrit et non stop .
Blasphèmes ou sacres
Nous ne pouvons parler de langue sans parler des blasphèmes. Les jurons les plus prééminents sont des termes empruntés à l’église catholique, et sont communément appelés sacrés. On a recensé plus de 900 sacres au Québec dont 90 originels…..
Cette particularité de blasphèmes est historique et provient d’une frustration et d’une grande rébellion sociale et transparente vis-à-vis de l’église catholique. Il y a des décennies de là, l’église catholique avait un grand pouvoir et une grande autorité dans le pays !
Je vous exhorterai à beaucoup de prudence dans l’emploi des termes blasphématoires ! Il faut savoir qu’un même terme de nos jours peut être autant utilisé dans un contexte de mécontentement, de colère que dans une situation de joie, de surprise !
Exemple : Hostie, que c’est beau
Ou Il a un hostie de caractère !
A ce propos, je vous laisse écouter un de nos humoristes québécois Etienne Langevin dans son sketch sur le Québec qui explique bien mieux que moi dans l’humour, la particularité et l’originalité de nos blasphèmes,…..! Moment de détente garanti !
Références historiques de l’accent québécois
La Nouvelle-France remonte à plus de 400 ans.
En orientation, la direction des eaux du St Laurent est la référence. Il est d’usage de dire“je descends vers…..( une ville)“ si celle-ci se trouve plus à l’est, donc en aval du point de localisation de la personne . Exemple…. je descends à Québec (si je me trouve sur Montréal).
L’orientation selon les points cardinaux est utilisée dans les situations locales où aucune rivière ne peut être utilisée comme point de repaire. De ce fait, , ‘je monte au Nord ’ dans les Laurentides (si je me trouve sur Montréal)
De nombreux termes sont aussi empruntés à différents milieux :
Celui de la navigation tels embarquer, débarquer, tomber !
Celui de la vie en forêt tels se tirer une bûche = inviter quelqu’un à s’asseoir
Celui de la vie rurale tels barrer une porte = fermer une porte en référence à la barre des portes de grange
Des expressions québécoises sont aussi basées sur les relations avec les autochtones d’où l’origine du mot quebec ou montreal
D’autres expressions encore sont basées sur la situation et la géographie du Québec en plus d’intégrer des images poétiques
Il tombe des pattes de lapin = il neige
Il tombe des pattes de lièvre = il neige de grand flocons plats
Le suffixe eux apporte souvent un caractère plutôt péjoratif
Un têteux, un niaiseux, un obstineux, un poteux…..
Il en est de même pour le suffixe age(action de…) tels le niaisage…
Des termes pure invention québécoises tels le banc de neige, le dépanneur, le magasinage, le débosseleur…..
Certains mots peuvent aussi avoir des sens différents. On pourrait les qualifier de faux amis tels : Une job au Québec qui n’a rien à voir avec un job en France.
Le ne négatif est souvent absent du français Québécois.
Y faut pas faire ça au lieu de il ne faut pas faire cela
La féminisation de noms de fonctions tels professeure, auteure, docteure. La Belgique, la Suisse , la France tentent de suivre l’exemple du Québec en ce domaine……
Quelques différences de structure verbale…
Telles… je m’assois au lieu de je m’assieds
Assoyez vous donc au lieu de asseyez vous donc
Le verbe haïr conjugué devient ici ; j’haïs au lieu de je hais
Dans le parler plus familier, vous pouvez aussi trouver …
Des contractions particulières pour la négation tels
Fais-toi z’en pas au lieu de ne t’en fais pas
Le verbe être à la 1e personne du singulier se rend par contraction
Chui au lieu de je suis
Des liaisons originales ……
C’h’t’ un gars patient au lieu Je suis un gars patient
Ou encore
T’é t’un gars patient au lieu Tu es un gars patient
Aller à la 1e personne du singulier devient
Vas au lieu de vais
Le futur simple assez souvent absent du parler familier
Il est alors remplacé par aller + infinitif
Demain, je vais aller magasiner au lieu de Demain, j’irai faire les boutiques
M’a aller maller ma malle au lieu de je vais aller porter mon courrier
Le français québécois permet de remplacer une subordination conditionnelle en si par une construction à l’infinitif
Avoir de l’argent, je t’en donnerais au lieu de si j’avais de l’argent, je t’en donnerais
La particule tu est souvent utilisée dans le langage familier quand on pose une question directe
Le tu tient alors rôle d’adverbe d’interrogation ou d’exclamation. C’est en fait un dérivé du ti particule interrogative du langage populaire en France
C’est tu loin au lieu de Est-ce loin
Tu vas-tu bien au lieu de Vas-tu bien
C’est tu pas possible ! au lieu de Ce n’est pas possible !
Apparition :
du pis
Le pis dérivé de puis remplace généralement le et
J’m’en vas demain avec Laurent pis Xavier
Du là
L’utilisation du là ponctue souvent la fin de la phrase ou bien s’ajoute après un mot
C’est quoi c’t affaire là
La préposition à est utilisée dans divers cas
dans un contexte possessif tels la voiture à Jacques
ou bien aussi pour éviter la préposition ce. On dira alors à soir au lieu de ce soir
On peut aussi entendre asteure au lieu de à cette heure
Les pronoms
a est utilisé à la place de elle
y est utilisé à la place de il ou ils ou elles
A m’énarve au lieu de Elle m’énerve
Y sont fous au lieu de Ils sont fous
É est une contraction de elle est É folle
On dit souvent aussi
Chez eux au lieu de chez lui ou chez elle
Chez nous au lieu de chez moi
Chez vous au lieu de chez toi
Nous est souvent remplacé par on on va souper au lieu de nous allons souper
On omet aussi souvent le sujet avec le verbe être
Sont belles au lieu de Elles sont belles
On peut aussi supprimer le sujet avec certains verbes impersonnels tels
Y faut pas au lieu de Il ne faut pas
Y manque pas personne au lieu de il ne manque personne
Enfin, dans le français québécois, une façon inusitée de poser des questions à la négative et une réponse avec le si qui réfute totalement la question …..
T’as pas faim Oui, j’ai faim au lieu de As-tu faim Mais oui, j’ai faim
Nous terminons ici notre examen à la loupe de notre accent québécois. Celles et ceux qui vont donc venir dans notre beau pays seront ainsi plus à même de comprendre nos expressions ! Votre immersion sera donc facilitée ! Tel est notre but : vous faire découvrir notre Québec et vous le faire aimer !
Publié par François Cantin le 31/12/2010 | Expression québécoise |